Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une condition hormonale complexe qui affecte environ une femme sur dix dans le monde. Une nouvelle recherche ouvre une voie prometteuse pour le traitement de cette maladie grâce à un extrait à base de plantes, l’artémisinine. Issu de la médecine traditionnelle chinoise et déjà utilisé comme médicament antipaludique, ce composé pourrait révolutionner la prise en charge du SOPK.
Qu’est-ce que le SOPK ? Une Maladie qui Dépasse les Ovaires
Le SOPK se caractérise par une surproduction de testostérone par les ovaires, ce qui perturbe le cycle d’ovulation et entraîne une variété de symptômes :
- Règles irrégulières dues à une ovulation altérée.
- Excès de pilosité et acné causés par des niveaux élevés de testostérone.
- Risque accru de maladies métaboliques telles que l’obésité, le diabète et les maladies cardiaques, souvent liés à une résistance à l’insuline.
Le Dr Channa Jayasena, spécialiste en endocrinologie au Collège Impérial de Londres, insiste sur la portée de cette maladie : « Le nom du SOPK ne reflète pas son impact. Ce n’est pas qu’un problème ovarien ; c’est une maladie qui touche tout le corps. »
Les Limites des Traitements Actuels
Les options thérapeutiques actuelles visent principalement à gérer les symptômes et à restaurer la fertilité, mais elles ne sont pas toujours efficaces pour toutes les patientes.
- Les contraceptifs hormonaux permettent de réguler les cycles menstruels et de réduire la production de testostérone.
- Les traitements de fertilité ou la chirurgie sont proposés aux femmes souhaitant concevoir.
Cependant, ces approches peuvent entraîner des effets secondaires et ne ciblent pas toujours la cause sous-jacente de la maladie.
L’Artémisinine : Un Nouveau Cap pour la Recherche
Une étude récente publiée dans Science met en lumière les propriétés de l’artémisinine pour le traitement du SOPK. Ce composé agit en bloquant une enzyme clé (CYP11A1) impliquée dans la production de testostérone dans les ovaires.
Les chercheurs ont testé l’artémisinine à la fois sur des modèles animaux et sur un petit groupe de patientes humaines. Les résultats sont impressionnants :
- Chez les animaux, la production de testostérone a diminué, et la fertilité a été restaurée.
- Dans une étude pilote sur 19 femmes, l’artémisinine a permis de réduire les niveaux hormonaux, de réguler les cycles menstruels et de diminuer l’activité des follicules ovariens.
Comment Fonctionne l’Artémisinine ?
Chez les patientes atteintes de SOPK, le cycle ovulatoire est désorganisé. Normalement, un follicule dans l’ovaire mûrit chaque mois pour libérer un ovule. Dans le cas du SOPK, plusieurs follicules se développent simultanément, mais aucun n’atteint la maturation complète.
L’artémisinine agit en rétablissant cet équilibre en réduisant la suractivité des follicules et en diminuant la production excessive de testostérone.
Résultats Encouragents de l’Étude Pilote
Pendant 12 semaines, 19 femmes atteintes de SOPK ont pris de l’artémisinine. Les résultats incluent :
- Une baisse significative des niveaux de testostérone.
- Une amélioration des cycles menstruels chez 63 % des participantes.
- Une réduction de l’activité folliculaire, comme observé par échographie.
Fait remarquable, aucune des participantes n’a signalé d’effets secondaires indésirables.
Un Traitement Potentiel pour Restaurer la Fertilité
Un aspect prometteur de l’artémisinine est sa capacité potentielle à restaurer la fertilité chez les femmes atteintes de SOPK. Cependant, des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer cet effet et garantir la sécurité du médicament, en particulier pendant une éventuelle grossesse.
« C’est une arme à double tranchant », prévient le Dr Jayasena. « Si le médicament aide à tomber enceinte, il faudra prouver qu’il est sûr pendant la grossesse. »
Une Solution Déjà Bien Étudiée
Un avantage majeur de l’artémisinine est son historique d’utilisation comme antipaludique. Cela signifie que son profil de sécurité est déjà bien documenté, ce qui réduit les obstacles pour son approbation comme traitement potentiel du SOPK.
Le professeur Richard Anderson, spécialiste en obstétrique à l’Université d’Édimbourg, souligne cet atout : « C’est une réutilisation d’un médicament déjà connu pour être sûr chez l’humain. Cela représente un énorme avantage. »
Les Prochaines Étapes : Vers des Études à Grande Échelle
Bien que les résultats préliminaires soient prometteurs, des études cliniques à plus grande échelle sont essentielles pour :
- Évaluer la sécurité du médicament sur une longue durée.
- Confirmer son efficacité pour traiter les symptômes du SOPK.
- Déterminer les risques potentiels en cas d’utilisation prolongée ou pendant la grossesse.
Le professeur Qi-qun Tang, qui dirige la recherche à l’Université de Fudan à Shanghai, explique que l’équipe travaille sur l’optimisation des doses et des calendriers de traitement.
Ce Que Cela Signifie pour les Femmes Atteintes de SOPK
L’artémisinine pourrait représenter une avancée majeure pour les femmes souffrant de SOPK. Contrairement aux traitements actuels, ce médicament cible directement la production hormonale à l’origine de la maladie.
Si les résultats se confirment, les avantages incluront :
- Une meilleure gestion des symptômes tels que les règles irrégulières, l’acné et la pilosité excessive.
- Une réduction des risques de complications métaboliques associées au SOPK.
- Une approche non invasive et potentiellement plus sûre que les traitements actuels.
Conclusion : Une Étape Importante dans la Santé des Femmes
La découverte de l’artémisinine comme traitement potentiel du SOPK est une avancée significative dans un domaine où les besoins sont grands et les solutions limitées.
Bien qu’il reste des questions à résoudre, cette recherche offre un nouvel espoir pour des millions de femmes à travers le monde. En attendant des études plus approfondies, les patientes sont encouragées à suivre les traitements disponibles et à se tenir informées des développements futurs concernant cette découverte prometteuse.
Source: https://www.theguardian.com/society/article/2024/jun/13/anti-malarial-drug-may-help-treat-polycistic-ovary-syndrome-study-suggests