Les récentes données préliminaires sur les médicaments oraux candidats à la perte de poids ont suscité un intérêt considérable dans le domaine des traitements contre l’obésité. Cependant, les résultats publiés par trois acteurs majeurs — Novo Nordisk, Roche et Terns Pharmaceuticals — présentent un mélange de résultats prometteurs et de questions essentielles qui laissent les analystes prudents quant aux conclusions définitives à tirer.
Lors du congrès annuel de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD), ces trois entreprises ont présenté leurs données issues d’essais de quatre semaines sur leurs candidats à l’obésité. Les résultats ont révélé des chiffres d’efficacité préliminaires, mais les analystes ont averti que ces données sont compliquées par les différences dans la conception des essais et d’autres variables, ce qui rend difficile toute comparaison directe.
Chiffres de la perte de poids : Qui mène la danse ?
Les données publiées montrent des résultats variés en termes de perte de poids après quatre semaines de traitement :
- CT-996 de Roche a obtenu la meilleure performance avec une perte de poids ajustée par rapport au placebo de 6,1 %.
- TERN-601 de Terns Pharmaceuticals a suivi avec une perte de poids de 4,9 %.
- Amycretin de Novo Nordisk a montré une perte de poids de 4 %.
Ces résultats ont placé Roche et Terns parmi les candidats les plus performants, avec Roche en tête pour la perte de poids la plus importante. D’autres données récentes de concurrents tels que Viking Therapeutics’ VK2735 (3,2 %), Orforglipron d’Eli Lilly (3,9 %) et Danuglipron de Pfizer (5,2 %) ont encore renforcé la dynamique concurrentielle. Cependant, cette hiérarchie reste complexe.
Les analystes ont noté qu’il est difficile de savoir si les différences d’efficacité proviennent des molécules elles-mêmes ou de facteurs liés à la conception des essais, tels que les schémas posologiques ou les populations de patients. En conséquence, il subsiste une grande incertitude quant à la performance réelle de ces médicaments dans le monde réel.
L’approche audacieuse de Roche : Efficacité contre tolérance
Le CT-996 de Roche a montré les meilleurs résultats en termes de perte de poids, mais l’approche de l’entreprise consistant à augmenter rapidement les doses a soulevé des inquiétudes quant à la tolérance. Les analystes de Jefferies ont souligné que, bien que le médicament de Roche semble efficace, le taux élevé d’effets secondaires, notamment des nausées, des diarrhées et des vomissements, est préoccupant. Par exemple, dans l’étude, les nausées ont touché 83,3 % des participants, avec des diarrhées et des vomissements affectant respectivement 50 % et 33,3 % des patients, même dans le groupe ayant reçu une augmentation de doses plus lente.
Les analystes de Jefferies ont fait remarquer que la stratégie de titration rapide de Roche pourrait expliquer son efficacité, mais ont averti que le profil concurrentiel réel du CT-996 ne serait pas clair tant que l’entreprise n’aurait pas mené de plus grands essais de phase II, où les schémas posologiques pourraient être ajustés pour améliorer la tolérance sans compromettre l’efficacité.
Malgré ces préoccupations, Roche reste un acteur majeur sur le marché des traitements contre l’obésité, les analystes de BMO notant que la société reste pertinente, même si elle est actuellement un peu derrière des leaders comme Novo Nordisk et Eli Lilly.
Amycretin de Novo Nordisk : Prometteur mais avec des défis de fabrication
Le candidat oral de Novo Nordisk, amycretin, combine l’agonsime du GLP-1 et de l’amylin, agissant sur la régulation de la glycémie et l’appétit par un mécanisme novateur à double action. Bien que les données sur la tolérance aient été légèrement décevantes, elles n’ont pas été perçues comme un inconvénient majeur par rapport à d’autres médicaments oraux de la classe des GLP-1. Les analystes de BMO ont mis en avant l’importance croissante de l’amylin dans le domaine de l’obésité, car cette combinaison offre des avantages qui vont au-delà de ce que l’on observe avec les thérapies GLP-1 traditionnelles.
Cependant, un problème critique pour Novo Nordisk est la question des défis de fabrication liés à amycretin. Les analystes de Jefferies ont souligné que, en raison de la nature peptidique d’amycretin, la mise à l’échelle de la production pour répondre à la demande du marché pourrait poser un problème. Avec des projections suggérant que Novo aurait besoin de plus de 30 tonnes d’ingrédient pharmaceutique actif (API) par an pour atteindre les ventes attendues, la reformulation ou l’amélioration de la biodisponibilité pourrait être nécessaire pour rationaliser la production et réduire les coûts.
L’approche innovante de Terns Pharmaceuticals attire l’attention
Terns Pharmaceuticals a adopté une approche unique avec son candidat TERN-601, en maximisant l’exposition efficace du médicament grâce à une forte liaison aux protéines plasmatiques, une faible solubilité et une grande perméabilité intestinale. Cette stratégie de formulation vise à imiter le comportement d’un médicament oral à action prolongée, permettant des doses plus élevées susceptibles de maximiser la perte de poids tout en minimisant les effets secondaires.
Les analystes de Jefferies ont noté que cette approche pourrait différencier le médicament de Terns des autres candidats oraux de la classe des GLP-1, qui nécessitent généralement des doses plus faibles pour éviter des effets secondaires intolérables. Cependant, cette approche présente également des défis. En effet, la nécessité pour les patients de prendre plusieurs comprimés à fortes doses pourrait entraîner une variabilité dans le dosage, compliquant la cohérence du traitement.
Malgré ces obstacles, l’approche novatrice de Terns a retenu l’attention des analystes, qui estiment que l’entreprise pourrait trouver un équilibre lors des essais futurs, où la tolérance pourrait rivaliser, voire surpasser celle de compétiteurs comme Orforglipron d’Eli Lilly.
Perspectives d’avenir : Des questions sans réponse et un potentiel à explorer
Bien que les données préliminaires sur ces médicaments oraux contre l’obésité fournissent des aperçus prometteurs, il est évident que beaucoup de questions demeurent. Des interrogations essentielles sur l’efficacité à long terme, la tolérance et la possibilité de production à grande échelle doivent encore être résolues lors des essais de phase II et III.
- Comparaison de l’efficacité : Bien que le CT-996 de Roche ait montré la plus forte perte de poids lors de l’étude de quatre semaines, des préoccupations concernant la tolérance et la posologie doivent être prises en compte.
- Défis de fabrication : Le problème de fabrication d’amycretin pour Novo Nordisk pourrait freiner sa capacité à répondre à la demande du marché.
- Mécanismes novateurs : L’approche innovante de Terns attire l’attention, mais sa réussite à long terme dépendra de la résolution des problèmes liés à la variabilité des doses et à la consistance du traitement.
Au fur et à mesure que ces entreprises poursuivent leurs candidats dans les essais cliniques, la concurrence pour développer un médicament oral efficace, bien toléré et capable de répondre à une demande mondiale reste ouverte. Les analystes suivront de près l’évolution des données de ces essais pour déterminer quelle entreprise dominera le marché lucratif des traitements contre l’obésité.
Pour l’instant, la compétition reste largement ouverte, avec plusieurs acteurs se disputant une part du marché de la perte de poids.